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Quelle aide pour les réfugiés syriens en Turquie?

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Sans que la Turquie y prête vraiment attention, les combats continuent de faire rage du côté syrien de la frontière. Dans les montagnes de la région d'Idlib, de violents affrontements ont de nouveau jeté des Syriens sur les routes. La semaine dernière, plus de 2.500 d'entre eux ont franchi la frontière pour aller se réfugier en Turquie.

Selon les derniers chiffres livrés par le ministère des Affaires étrangères et par l'Afad (la direction des situations d'urgence et des catastrophes naturelles), la Turquie hébergerait actuellement 30.000 Syriens. Les villages de tentes situés dans la région de Hatay (Antioche) accueillent toujours 7.238 personnes. Mais depuis deux mois, la Turquie a essayé de répartir un peu mieux les réfugiés le long de sa frontière. Le camp de Islahiye, dans la province voisine d'Antep, en compte 5.600. A Ceylanpinar (province d'Urfa) 6.000 autres. Quant au camp principal, fait de bâtiments préfabriqués, à Kilis, il héberge près de 10.500 personnes, pour une capacité maximale de 12.000 places. Au total, la Turquie accueille un tiers des 87.000 Syriens qui ont fui leur pays.

Depuis le début de la répression en Syrie, ce sont au total plus de 51.000 Syriens qui sont passés par la Turquie mais 21.000 d'entre eux sont retournés chez eux "volontairement". L'AFAD précise que la capacité d'accueil est d'environ 50.000 personnes. La Turquie bénéficie donc encore d'une petite marge de manoeuvre. L'accueil reste de toute façon provisoire, les Syriens ne sont pas considérés comme des réfugiés, mais comme des "invités". La Turquie qui pratique une politique d'asile très restrictive n'offre pas ce droit aux Syriens.

Les camps de réfugiés ont été dotés d'écoles, de mosquées, de services médicaux, de terrains de jeux pour les enfants, de salles de TV... précise l'AFAD. Les cours pour les écoliers syriens sont toutefois dispensés... en turc malgré les plaintes des familles.  Pour ce qui est de la sécurité, elle demeure aléatoire: beaucoup de réfugiés se plaignent d'être obligés de rester à la frontière du pays qui les menace. Les incidents survenus au camp de Kilis en avril ont montré sa vulnérabilité. Malgré les tirs contre certains logements, des familles continuent d'y être hébergés. Amnesty International a adressé aujourd'hui 20 juin, quelques remarques aux autorités turques à ce sujet: "La sécurité des réfugiés syriens doit être assurée".

Les ONG et les agences humanitaires internationales continuent d'être gentiment éconduites par le gouvernement turc. Seules sont habilitées à y travailler, les organisations turques proches du pouvoir : le Croissant rouge turc, l'IHH ou Kimse Yok Mu? par exemple. L'Union européenne, elle, a annoncé mercredi avoir augmenté son aide de 10 M€ pour les réfugiés syriens. La Commissaire européenne à la Coopération internationale, Kristalina Georgieva s'est rendue à la frontière en compagnie du ministre des Affaires européennes, Egemen Bagis. L'aide totale de l'UE aux Syriens se monte à 43M€.

"En ces temps de désespoir, mes pensées vont à ceux qui souffrent. Nous continuerons à nous tenir aux côtés des victimes innocentes de ces violences", a déclaré la représentante de la commission européenne, à Kilis, en cette journée internationale des réfugiés.

En totale contradiction avec ces bonnes intentions, l'UE continue pourtant d'arrêter des réfugiés à la frontière entre la Turquie et la Grèce. De nombreux Syriens en fuite ne transitent pas nécessairement par les camps du Sud turc et tentent, s'ils en ont les moyens financiers et s'ils sont décidés à s'exiler, de gagner illégalement l'Europe. Sur les trois premiers mois de l'année, au moins 1.500 citoyens syriens ont été interpellés par la police grecque ou par les patrouilles de Frontex le long du fleuve Evros qui fait la frontière.  Placés dans des centres de rétention surpeuplés, ces réfugiés sont ensuite lâchés dans la nature avec une injonction de quitter le territoire et avec le risque d'être renvoyés vers la Turquie, puis vers la Syrie.


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